Préparation spirituelle avant la vision de la coupe et du tambour

Je vais maintenant entrer dans une étape très importante de mon autobiographie. Que celui qui me lit le fasse avec attention.

  1. La première secousse que j’ai reçue pour me porter à me demander si  j’avais bien fait de repousser l’idée de devenir pasteur, ce fut entre 1984 et 1987.

J’avais commencé ma carrière d’enseignant aux Cayes avec une moto. En 1984, j’ai acheté une voiture d’occasion de l’ingénieur de Radio Lumière Jerry Miel qui allait quitter le pays. Eh bien, le cours de philosophie donnant lieu parfois à de vives discussions en classe, au cours d’un de ces débats, après quatre ans de cours au  Collège Evangélique de Simon où j’étais à la fois professeur et Censeur des Etudes, au Lycée où j’avais deux chaires, au Collège Horace Pauléus Sannon, un jeune homme, en salle classe, me dit carrément que la voiture que j’avais achetée était un don de la Compassion Internationale, organisation qui aide les enfants nécessiteux. A Port-au-Prince je ne savais même pas qu’une pareille institution  existait ; aux Cayes même je savais seulement que certains élèves du Collège de Simon recevaient un encadrement de la Compassion dont j’ignorais totalement le mode de fonctionnement.

En somme, je ne voulais pas devenir pasteur pour ne pas être couvert de mépris, pour ne pas être perçu comme quelqu’un qui vivait de dons ; je me suis fait professeur pour être digne de respect, voilà que j’ai rencontré quand même le mépris. Dieu voulait m’enseigner une chose : on n’est jamais à l’abri de vexations, quelle que soit la profession qu’on exerce.

  1. En 1988, je suis entré à la Succursale des Cayes de la Banque de l’Union Haïtienne. Je suis monté auprès du directeur Jean François Milbin pour une transaction. D’entrée de jeu il m’a dit : « Monsieur Pierre, vous êtes un ancien séminariste ? » Je lui ai répondu que non. Il m’a dit alors : »Ah ! je vous ai vu entrer à la Banque et vous m’avez donne l’impression d’avoir été au Séminaire pour devenir prêtre. » Je devais apprendre par la suite que lui-même avait été au séminaire pour devenir prêtre et avait abandonné et s’était marié.

 

  1. En 1988 toujours, j’étais simple chrétien en la Première Eglise Baptiste des Cayes. Un dimanche matin, le pasteur Luders Erase a demandé qu’on lève la main pour prier. A peine ai-je levé la main que trois personnes ont surgi devant mes yeux fermés et le Saint-Esprit m’a dit : « Va te réconcilier avec ces personnes. »  C’étaient le docteur Lovinsky Sévère, un frère de l’église dont le docteur Sévère m’avait donné les cours à mon arrivée aux Cayes, et enfin un voisin.

 

A trois jours différents, moi et ma femme, nous avons été chez ces personnes leur demander pardon pour ce que j’ai eu à leur faire de mal.

  1. Le docteur Sévère m’a reproché, en présence de sa femme, d’avoir émis en salle de classe au Lycée une opinion qui n’était pas en sa faveur lors de son procès avec la MEBSH : limogé comme directeur du Collège, il en revendiquait sa part parce que, d’après lui, il avait investi son argent dans ce projet. J’ai reconnu avoir mérité ce reproche. Ma femme et moi, nous nous sommes agenouilles et avons imploré son pardon.
  2. Chez le frère de l’église, je lui ai demandé si je lui avais fait quelque chose de mal. Il m’a répondu affirmativement car en octobre 1980, le docteur Sévère lui avait enlevé les cours de français pour me les donner alors qu’il avait compté le salaire de ces cours dans son budget pour l’année académique. Nous nous sommes agenouillés, ma femme et moi et avons sollicité son pardon.
  3. Le voisin m’a reproché d’avoir dit à mon gardien de ne pas lui donner de l’eau. Aussi s’était-il fait connecter au SNEP et avait-il mis le robinet devant chez lui pour que je puisse voir qu’il pouvait avoir aussi son abonnement.

 

Ami lecteur, je n’étais pas coupable de ce forfait. Je n’avais passé aucun ordre à mon gardien. C’est le gardien lui-même qui avait fait le coup au voisin parce que ce dernier avait dit à la propriétaire de la maison que j’habitais qu’en mon absence le gardien avait cueilli des fruits de tel arbre qui n’était pas mis à mon usage. Puisque c’est quelqu’un de chez moi qui lui avait causé du tort, ma femme et moi nous nous sommes mis à genoux pour demander pardon au voisin.

 

  1. Le dimanche 15 janvier 1989, pendant que je sortais de l’église, le Saint-Esprit m’a dit : « Commence à lire la Bible aujourd’hui, un chapitre chaque jour. » J’ai effectivement commencé dans une version créole de la Bible. Alors, ami lecteur, arrivé à Exode 4 où Dieu avait demandé à Moïse d’aller délivrer le peuple d’Israël, où Moïse avait dit qu’il n’avait pas la parole facile, ce qui avait porté Dieu à se fâcher, j’ai eu des problèmes. Je me suis dit que Moïse n’avait pas la parole facile mais moi si, et j’ai refusé d’être pasteur ! Dieu n’était-il pas fâché contre moi de n’avoir pas accepté de devenir pasteur ? En même temps une émission de Radio Lumière disait que si on regardait le ciel nuageux on ne récolterait pas. Je me suis senti visé. Je me suis demandé si j’avais eu raison de repousser l’idée de devenir pasteur. J’étais bouleversé. Je me sentais coupable. J’ai été me confier au pasteur Luders Erase qui m’a dit que je n’avais pas à me tourmenter, que si Dieu veut que je sois pasteur, il a les moyens de m’y contraindre. Alors, je me suis calmé. J’ai songé que malgré ses objections, Moïse a été enrôlé, que Jonas n’a pas pu lui échapper au Seigneur…

 

La coupe et le tambour

Alors, dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 mars 1990, j’ai eu un songe. J’ai vu dans le ciel une coupe et au-dessus comme un croissant de lune transpercé d’un trait vertical et, à droite  de la coupe, une circonférence avec deux traits qui formaient triangle et qui venaient se rencontrer au milieu de la circonférence. C’était grandiose et dessiné par des points brillants dans le ciel. Je me disais dans le songe que d’autres personnes devaient voir ce signe pour me servir de témoins. J’ai vu des gens sur le trottoir, je les ai invités à regarder, ils n’ont rien vu. J’ai vu ma femme pas loin, j’ai l’ai appelée et l’ai invitée à regarder aussi : elle n’a rien vu. J’ai senti alors que je me réveillais. En me réveillant, je me demandais qui allait pouvoir m’expliquer cette vision. Alors toute l’explication m’est venue au moment de me réveiller.