Nous attendons encore le changement.

03/10/2015 19:23

Du pareil au même

Chaque candidat à la présidence, une fois élu, se défait de la bannière sous laquelle il s’était  présenté aux élections pour déployer la sienne. Il ne s’était pas vraiment présenté sous la bannière d’un parti politique et l’engin qu’il met en place lui-même n’est pas un parti politique car il n’y a pas vraiment de parti politique en Haïti. Il y a des trucs créés pour aller aux élections, comme le décret électoral l’exige. Ce ne sont pas des partis politiques. Les politiciens haïtiens n’ont pas la culture des partis politiques.

Chaque président, voyant son mandat arriver à terme, présente son successeur au peuple. On eût dit que la constitution lui demande de le faire. Il veut se faire remplacer par une marionnette dont il tirera les ficelles dans l’ombre, une façon de perpétuer l’ « après-nous c’est nous ». On eût dit que sans l’actuel président, Haïti est foutue. Si l’ancien président n’était pas parti, il ne serait pas au poste actuellement mais lui, il ne veut pas partir. Il lui faut lui-même pourvoir à son remplacement. En tout cas, c’est son état d’esprit.

Chaque candidat malheureux souhaite l’annulation des élections qui ont eu lieu. Si les magouilles avaient été faites en leur faveur ils n’auraient rien dit. Ils traiteraient les protestataires de perdants récalcitrants mail ils ne sont pas prêts à se laisser traiter de la sorte. Surtout, ils aimeraient voir partir les présents conseillers électoraux pour être remplacés par d’autres. Mais à qui demandent-ils de faire tout cela pour eux ? Qui a financé les élections ? A quelle fin l’ont-ils fait ? Des millions de dollars en devises étrangères ? Qui serait prêt à débloquer d’autres fonds pour refaire les élections ?

Quand ferons-nous preuve de maturité, de réalisme ? A qui appartient Haïti en ce moment ? A qui appartient Haïti depuis 1915 ? Quand est-ce que nous cesserons de nous battre, de nous donner en spectacle, de nous entredéchirer ; quand cesserons-nous les luttes fratricides, égoïstes, mesquines pour reprendre les rênes du pays, organiser des élections selon nos moyens, honnêtement. La moralité, la moralité, la vision grande, nationale, civique, citoyenne, la vision de la collectivité, la vision du bien-être collectif, quand l’aurons-nous ?